Détente Quechua
Mon souhait, avant de commencer ce voyage, était de trouver quelques missions de volontariat sur le terrain. Établir un contact avec des personnes, dans le simple but de donner un coup de main.
Jusque-là, pas évident. En Argentine, c’est simple, on a vu personne bosser ! Je ne dis pas que les argentins ont un épis de maïs transgénique dans la main, mais juste les longs poils de barbe de cette plante monocotylédone au génome modifié. Le Chili nous a semblé plus dynamique, mais le contact y est moins facile.
Notre aide sur ces 2 pays s’est limitée à dépanner des véhicules en rades, et simplement prendre des auto-stoppeurs.
Nous sommes au Pérou. Ici, on bosse de partout, c’est l’endroit idéal pour engager la démarche. Nous apprenons la possibilité de passer un moment dans une famille Quechua, de la communauté Maska, qui pratique la permaculture andine et produit des huiles essentielles dans la Vallée Sacrée près de Cusco.
Nous arrivons sur les lieux, nous sommes en pleine montagne avec vue sur les terrasses du site archéologique de Pisac. Nous sommes accueillis par Arcadio, un des fils de la famille Ccapa. Visite de la propriété : constructions traditionnelles, cultures bio et distillerie. Le projet de la famille Ccapa, ”Kausay Punku” qui signifie en Quechua “Porte de la Vie”, est de préserver et promouvoir la culture Quechua. Ils accueillent régulièrement des woofeurs, et en ce moment, ce ne sont pas moins de huit canadiennes à l’oeuvre dans les jardins aux plantes. Et des canadiennes chez les Quechuas, j’ai l’adresse si ça vous tente … . Ma femme a mis 2 secondes pour la trouver celle-là ! Il a fallu beaucoup plus de temps aux canadiennes, mais c’est normal. Combien de temps ? C’est simple : autant qu’il en faut pour replier une tente Quechua “2 secondes” sans le mode d’emploi.
Au programme de la journée de demain : cueillette pour fabrication d’huile essentielle. Nous proposons notre aide, acceptée en moins de 2 secondes.
La journée de travail commence à 8h00, les enfants veulent participer. Nous rejoignons le groupe et recevons les instructions des tâches à suivre : nous allons abattre quelques eucalyptus et en récolter TOUTES les feuilles.
On commence par couper un arbre au bord de la propriété, donc au bord de la route … . Manue a une mission : bloquer la circulation avec le fourreau rouge de la tronçonneuse, pendant qu’avec les canadiennes, nous nous plaçons sur la butte de l’autre côté de la route pour tirer sur la corde. Nous sommes prêts : Arcadio à la tronçonneuse, Manue à la circulation et le reste aux agrés. Je me retourne : mes charmantes canadiennes sérieusement agrippées à la corde, étaient toutes collées les unes aux autres. “Bien, Mesdemoiselles, on se tiendra chaud un peu plus tard. Mais là, pour éviter le strike en reculant, on va mettre un peu d’espace entre chacune … .”
L’eucalyptus cède aux dents affûtées de la tronçonneuse, nous le rentrons dans la cour pour commencer l’effeuillage. Avec Arcadio, je pars chercher deux autres eucalyptus.
Les troncs sont coupés en longueurs égales et serviront aux structures des constructions du site. Côté sécurité, on est sur de la norme sud-américaine : tongs aux pieds, point de protections auditives ni oculaires, puis on travaille avec l’extrémité des 80 centimètres du guide-chaîne de la tronçonneuse. Si ça dérape, on aura des pieds de porc sauce “Tong” dans le pot au feu de mamie Ccapa ce midi.
Nous passons quelques heures à arracher les feuilles de cette plante dicotylédone, qui serviront à la production d’huile essentielle. Ça occupe bien les enfants !
Nous remplissons des sacs de feuilles et je dois les descendre pour l’alambic.
Je bourre la cuve de feuilles, le frère d’Arcadio me presse : il faut accélérer la cueillette. Je monte passer le message et multiplie les allers-retours entre poste d’effeuillage et distillateur.
La cuve est enfin pleine, le travail de la journée est terminé.
Là, on me dit : “Aquí … machin truc, y acá … machin bidule”.
En résumé : “Distille !” me disent-ils … . Le temps de me retourner, plus personne : j’étais seul face à l’usine à gaz qui fumait de partout.
Bon, le processus est plutôt classique : on chauffe de l’eau au moyen d’un feu de bois, la vapeur sort du bouilleur pour traverser une cuve où se trouvent les feuilles d’eucalyptus. On récupère les condensats de la vapeur chargée en molécules d’huile essentielle. Reste à séparer l’huile de l’eau florale avec un essencier.
L’installation mérite bien meilleure ergonomie pour les étapes de récupération des condensats et séparation. De même, pas de point d’eau dans la distillerie, il faut courir au robinet qui se trouve 60 mètres plus haut. Rien n’est paramétrable mais ça fonctionne : je vois mes premières gouttes sortir du refroidisseur.
Doucement, l’huile remonte à la surface pour créer une belle couche du précieux élixir. Je reste quelques heures à prélever les condensats et jouer de l’essencier pour finalement obtenir un bon 450 ml d’huile essentielle d’eucalyptus.
Une expérience sympathique dans un environnement chaleureux et écoresponsable.
Deux ou trois photos du moment :
Quechuas
3 commentaires
Prendre mon petit déjeuner et découvrir vos messages et les magnifiques photos qui les accompagnent est un régal ! Bravo !
[…] Détente Quechua […]
j’attendais, c’est enfin venu, mouhaha, a fond la forme hein! vous avez pu avoir un petit echantillon pour vous? genre pour vos bronches malades au cas ou?