C’est fait, nous avons passé les portes du dernier pays de notre périple : la Colombie. Et cela de nuit, vers 1h00 du matin pour éviter l’affluence vénézuélienne aux guichets des douanes, fuyant la situation chaotique de leur pays. Même de nuit, la foule présente à la frontière fut impressionnante.
Trois jours pour rejoindre Bogota et en finir avec nos soucis mécaniques. Enfin !
Le voyage peut reprendre dans des conditions plus sereines, à nous la Colombie !

Détendez vous … Pablo est mort depuis 1993, les Farc siègent au parlement colombien, un cessez-le-feux “bilatéral” (c’est toujours bien de le préciser, sinon c’est confus) avec l’ELN est en place. Nous sommes “théoriquement” en paix. On a finalement plus de chance de succomber à une piqûre d’insecte ou de finir écrasés par un bus kamikaze multicolore de ramassage scolaire.
Je ne dis pas que la totalité du territoire est aussi sûre que la place Bourg-du-Four du vieux Genève, non, mais si l’on reste sagement dans les zones sécurisées, c’est un pays où il fait bon vivre.
Dans le doute, et par pure curiosité, j’ai demandé à l’épicière du commerce se situant “en la Esquina de la Carrera 72 y la Calle 38 #122, Estacion Villa de Medellín (Antioquia)” (1) quelle attitude adopter face à une tentative de prise d’otages de narcotrafiquants ou autres groupes rebelles (encore) actifs.
Ingrid, l’épicière, me répondit naturellement : là, c’est tout bête, on court ! Gentillement, je lui rétorqua qu’il était préférable de prononcer “Là, c’est embêtant, cours !” (2) (3)

Les colombiens sont très soucieux de l’image que peut avoir le monde de leur pays car on est en réalité loin des clichés entretenus un peu partout. C’est pour nous, sans nul doute, le pays le plus accueillant du continent sud américain. Tout n’est peut-être pas rose, mais ce pays a tout pour plaire : une grande diversité de paysages, des gens magnifiques, on y mange vraiment bien et nous sommes ici au paroxysme de la luxuriance. Il suffit de dévaler les pentes d’une finca de la zone caféière pour comprendre que tout pousse par ici (le sujet du café sera traité dans un article ultérieur). Oui, tout pousse, même l’argent … enfin … l’or noir (et je ne vous parle pas du café).
La variété de fruits est telle qu’au marché, on se sent comme un analphabète devant un dictionnaire encyclopédique illustré en couleurs : tant de belles choses dont on ignore tout.

Ici, notre voyage a pris un autre sens. Nous avons choisi de ne pas courir à traverser le pays en quête de panoramas supplémentaires à notre tableau de chasse. Nous avons privilégié les rencontres faites au hasard d’un chemin ou d’une rue, sans oublier celles de voyageurs et expatriés.

De Calarcá à Medellin, en passant par Manizales, nous avons rencontré bien des personnes sympathiques, intéressantes et accueillantes.
Alors je m’imagine dans la peau d’une famille colombienne (propre hein ! J’ai quand-même des limites)(4), déambulante sur un chemin ou une route de France. Aurais-je autant de chance de croiser des personnes m’offrant une telle hospitalité ? Pas sûr … .
Bon, vous avouerez quand-même que cela peut être très embarrassant, presque impoli d’imposer de la sorte à des étrangers, son logis, sa famille, son temps, sa gentillesse surtout quand ceux-ci ne vous demandent rien.
Plus sérieusement, ce fut une simple leçon de vie.

Voilà, quelques photos de la campagne colombienne, un passage par la ville de Manizales (avec quelques coups de pinceaux sur les murs d’une association de quartier), puis un peu de Medellín en attendant les articles à suivre. Un énorme MERCI à tous : Carlos & Alberto. Sandrine & Vincent. Maria, Juan & Maël. Cristina, Richard, Sofia & Ismaël. Angélique, Eudes, Élisa & Noé.
¡ Muchas gracias !

(1) Oui, les adresses en Colombie peuvent paraître compliquées.
(2) Non, il n’y a ni commerce, ni épicière qui répond au doux nom d’Ingrid à cette adresse. Désolé !
(3) Encore une que ma chère femme ne comprendra pas … . Je barre sinon elle se vexera.
(4) Attention, c’est du 4ème degré !