Ecua … d’autre ?
Avant de commencer cet article, nous aimerions remercier les personnes qui nous ont aidés dans notre galère. Merci pour le travail fait sur l’acheminement, votre compagnie et votre solidarité. Mille remerciements à vous et vos familles : Marie, Eudes, Hervé, Nicolas, Brice, Sergio, Ayse & Hakan.
Before starting this article, we would like to thank the people who have helped us in our difficult time. Thank you for the work done on delivery, your friendship and your solidarity. Many thanks to you and your family : Marie, Eudes, Hervé, Nicolas, Brice, Sergio, Ayse & Hakan.
Nous terminons la visite du Pérou par une petite baignade en compagnie de géantes tortues de mer dans le nord du pays, généreusement appâtées avec des morceaux de poissons jetés dans l’eau par l’organisation en place.
Sur le papier, ça fait presque rêver. Mais la réalité nous a médusés : une seule tortue pour 20 péruviens aquaphobes accrochés à leurs gilets de sauvetage oranges fluorescents, le tout dans 10 mètres cubes d’eau troublée par les circonstances. C’est beau de voir 20 naufragés baliser à l’idée d’une probable noyade, dans un morceau d’océan balisé pour l’immanquable rencontre. A nous le Galapagos du pauvre, les Seychelles du SDF (Soif De Faune) !
Quelle torture pour cette tortue : devoir différencier des cubes de poissons tourbillonnant et des orteils de péruviens, eux aussi tourbillonnant (les orteils ET les péruviens). Oui, pauvres tortues. Sachant qu’elles sont incapables de reconnaître un sac plastique d’une méduse … il faut faire quelque-chose. Je ne sais pas … leur expliquer qu’une méduse n’est sponsorisée d’aucun groupe de la grande distribution !!!
Ça me fait penser à la lecture d’un article sur une firme allemande spécialisée dans la fabrication d’articles de sport, qui produit une chaussure entièrement constituée de déchets plastiques pêchés en pleine mer. C’est beau non ? Après la main d’oeuvre low cost, la matière première à profusion dans nos océans … les dividendes vont exploser. Attention quand-même, ces matières sont polluées par toute une population innocente d’animaux marins en voie de disparition !
Nous arrivons aux portes de l’Équateur. À nous le pays de la banane, du billet vert, du carburant pas cher (22 centimes d’euro le litre de gasoil), du pétrole vert amazonien et … des emmerdes !
Nous passons la frontière assez rapidement et roulons à travers d’immenses plantations de bananes où nous attend comme un baptême de bienvenue : des avions pulvérisent généreusement les hectares de plantations. Attention les enfants … on ne respire plus pendant l’épandage, évitez de « Bayer » aux corneilles car c’est un « Poison très rémanent » (anagramme de « Entreprise Monsanto »).
Pour la banane, c’est un peu comme la crevette dans Forrest Gump : on la fait au barbecue, grillée, rôtie, sautée. T’as la chips de banane, la banane créole, le beignet de banane, la soupe de banane, etc … .
Pour les emmerdes, c’est de notre casa rodante dont il est question. Ça commence par un réfrigérateur capricieux achevé par un frigoriste cavaipafroaoyeux. Pièces introuvables au Pérou et en Équateur. Donc nous vivons sans depuis un moment, le temps de trouver une solution en Colombie.
Côté mécanique, le différentiel arrière joue de la musique qui ne plaît guère à nos oreilles et aura peu de chance de finir dans notre playlist. Il faut trouver une bonne adresse pour diagnostiquer, “accorder” ou réparer le cas échéant. Trop attendre pourrait causer la destruction des éléments qui constituent cette pièce.
D’accord … mais où aller dans cette jungle d’apprentis mécanos crasseux regroupés dans d’interminables boulevards bien plus bruyants que notre pont arrière ? Nous jugeons préférable de rejoindre le garage Iveco de Guayaquil, qui est le plus proche au sud de l’Equateur. Au moins, nous serons à la source si besoin de commander des pièces.
Nous voguons tel un (gros) sous-marin dans le flux de bus kamikazes et des pétrolettes exhaust-less des boulevards industriels périphériques de Guayaquil. Ici, chaque entreprise se cache derrière une véritable forteresse aux murs de barbelés vaillamment gardée par une troupe de vigiles surarmés à faire pâlir un gardien de la paix en faction devant l’office de tourisme d’une avenue parisienne fréquentée (c’est bon … respirez maintenant).
Nous arrivons à destination et sommes reçus par la brigade d’Intervention Vachement Entraînée à Combattre l’Offenseur (I.V.E.C.O.). Ces derniers refusent de nous ouvrir les portes de leur fort pour abriter notre véhicule le temps du week-end. Aïe … nous sommes livrés à nous même dans la ville la plus malfamée d’Équateur, la nuit tombante sans plan “spot safe » comme on dit dans le milieu du voyageur flippé d’avoir quitté sa maison bourgeoise de quartier résidentiel.
Nous finissons par rapidement trouver un quartier … résidentiel, facilement reconnaissable par le nombre de vigiles à chaque coin de rue et à la hauteur démesurée des remparts qui entourent chaque demeure. Sans oublier les grilles blindées protégeant toutes les ouvertures possibles de l’habitation : un régal pour profiter de la vue sur … le bunker du voisin traumatisé par la délinquance galopante du quartier chaud de la butte d’en face.
Par chance, nous trouverons un magnifique parc arboré au cœur de ce quartier et nous nous y poserons jusqu’au lundi. Nous goûtons à la vie passionnante des quartiers de la classe moyenne équatorienne, bien cachée dans sa cour intérieure, derrière les grilles et murs de béton protecteurs.
Dans le parc, pas un chat. Ils ont tous été mangés par d’énormes iguanes qui colonisent la magnifique et rare végétation de l’endroit. Non, je déconne. Les iguanes sont végétariens à quelques criquets près, voir même vegan à en juger leur façon de consommer.
Nous créons quelques contacts avec des habitants du quartier, s’inquiétant de notre présence plutôt inhabituelle. Lundi matin, direction le garage Iveco où nous commençons par un diagnostic sur route. Un mécanicien monte à bord, écoute : ce sont les freins !
Heu … non ! Ils sont neufs, et ce n’est sûrement pas ça. C’est un bruit qui vient clairement du différentiel, inutile de passer ta tête par la fenêtre, pose-toi à l’arrière et écoute bien ! Retour à l’atelier que nous découvrons une fois entrés dans l’enceinte fortifiée, gros désespoir : pas une fosse, pas un pont pour lever le véhicule. Un vulgaire hangar où agonisent quelques carcasses de tractopelles et camions de la marque.
Ça commence bien, ils s’attaquent au démontage des freins … je bouillonne intérieurement. Ils travaillent à même la terre, je prête quelques outils à la vue de leur pauvre équipement et au manque d’ordre général, comme une sorte d’Interruption Volontaire d’Efficacité Consentie et Organisée (…..).
Quelques heures perdues plus tard, ils s’aventurent à ouvrir le différentiel. Ça discute autour des pignons sans vraiment rien faire. La journée se termine, nous allons devoir dormir dans le garage et remettre la suite au lendemain.
Mais nous ne sommes pas rassurés. J’entame une discussion avec le boss pour savoir s’ils veulent s’attaquer à ce travail délicat, ou plutôt s’ils peuvent. Un mauvais travail peut aggraver la situation, ils ne sont pas outillés et n’ont pas un environnement de travail adéquat. Nous convenons d’une réflexion sur le sujet à tête reposée jusqu’au lendemain matin. Ce soir c’est dîner aux chandelles, plutôt “sur” chandelles, celles qui soutiennent le véhicule sans ses roues arrière … .
Pour faire court, après une longue attente de prise en charge le jour suivant, nous leur demanderons de tout refermer et de nous indiquer une autre adresse. Nous finirons chez John Deer où le professionnalisme est d’une autre dimension. Verdict rapide et efficace : il faut changer les 4 roulements du différentiel. Opération réalisée dans la journée malgré l’impossibilité de trouver les pièces chez Iveco.
Nous reprenons la route pour la côte pacifique, direction Puerto Lopez et la Isla del Plata. En chemin, un bruit anormal s’invite quand j’appuie sur la pédale d’embrayage. Aïe, pas bon … je sens que quelque-chose est en train de céder côté embrayage. Nous continuons jusqu’à Puerto Lopez et retournerons sur Guayaquil pour de probables réparations. Avec les kilomètres, le bruit s’amplifie, je pense que ça peut lâcher d’une minute à l’autre. Nous nous posons sur la plage de Puerto Lopez, bel endroit, calme et pratique pour nous. Il me faut commander un kit d’embrayage mais c’est juste introuvable en Équateur. Le plus proche est Bogota, en Colombie … .
Nous prenons contact avec Iveco Bogota, très réactif car nous recevons dans la minute une photo du kit. Il faut maintenant trouver une solution économique pour rapatrier cette pièce jusqu’en Équateur. Via tout un réseau de voyageurs, une première famille française va nous acheter le kit à Bogota. Puis par un système de messagerie par bus, le kit descendra jusqu’à Pasto où une autre famille française le récupérera pour nous l’apporter en Équateur.
Depuis Puerto Lopez nous visitons la Isla del Plata, parc national Machalilla, où l’on y rencontre des fous à pieds bleus et des frégates superbes. Deux espèces d’oiseaux marins. Après la visite de l’île, une petite heure de snorkeling pour émerveiller petits et grands.
Retour sur la côte équatorienne où nous rencontrons un couple fort sympathique de turcs en voyage. Nationalité rare sur le continent sud américain. Nous mettons les enfants à l’école du village pendant 2 jours, peut-être une expérience intéressante pour eux (à découvrir bientôt sur leur page). Mais … à la vue de toutes les interdictions peintes sur le mur de l’école, je pense qu’ils vont trouver un peu le temps long … .
Après quelques semaines d’attente à Puerto Lopez, nous décidons de changer de plage pour rejoindre une famille de voyageurs brésiliens avec enfants. Direction Montañita, la Mecque du surf en Équateur. Nos amis turcs nous proposent de nous suivre au cas où, de même jusqu’au garage de Guayaquil une fois le kit reçu. Nous acceptons.
Nous arrivons à Montañita et au moment où nous accédons à la plage, la butée d’embrayage lâche définitivement. Plus possible d’utiliser l’embrayage … . Nous sommes à 180 kilomètres du garage de Guayaquil. Damned !
Il faut choisir : trouver un camion de remorquage, rouler sans embrayage ou … changer l’embrayage à Montañita, sur la plage à quelques pas des rouleaux de l’océan. Options 3 retenue : je tente une dépose de la boîte de vitesses. Si ça fonctionne, il n’y aura plus qu’à tout remonter avec l’embrayage neuf qui arrivera dans deux jours.
Avec quatre douilles, trois clés plates et deux crics, la boîte est au sol. Il ne reste plus qu’à fabriquer un centreur (chose faite en assemblant quelques douilles et rondelles).
Trois jours plus tard, l’embrayage est en place … mes cervicales plus vraiment.
Nous prenons la route pour la suite de notre périple mais … rapidement … un nouveau bruit dans le différentiel se fait entendre … et je découvre que la pompe à eau du moteur laisse fuir du liquide de refroidissement. C’est le cauchemar, la loi de Murphy pour ne pas dire de l’emmerdement maximum.
Nous sommes trop loin de Guayaquil pour faire demi-tour, nous trouverons un garage du même groupe sur la route à Ibarra, au nord du pays. Nous passerons quatre jours dans l’atelier pour un nouveau réglage du pont. Je ne développerai pas plus, la situation sur place fut assez agaçante pour nous. Pour la pompe à eau, nous devons rejoindre Bogota en Colombie, plus de mille kilomètres au nord.
Voilà, notre expérience de L’Equateur se résume à peu de choses. C’est bien dommage car c’est une destination forte intéressante. Ah oui, l’Equateur c’est également le pays de l’équateur … la ligne. Et nous l’avons foulée, bondissant allègrement de l’hémisphère nord vers l’hémisphère sud.
A suivre … .
11 commentaires
Alors à lire cette aventure mécanique est un grand suspens, c’est palpitant. Mais à vivre, ça doit être un peu les boules. Mais comme un bon Mc Giver, Jean Philippe tu te débrouilles toujours comme un chef. Bravo et Bon courage et surtout que votre p’tit camion tienne encore un peu la route !
eh ben eh ben, que d’aventures …les jours se suivent et ne se ressemblent pas …ou si !!
bon courage à vous tous, gardez le sourire …bises
Mais qu’est ce que c’est ce poisson avec des dents !!??
Que d’aventures effectivement ! Vous avez la fois c’est une bonne chose ! Bon courage pour la suite 😉
Allez courage !
Courage !
Grosses pensées du Sungau, vous savez cette petite region au sud de l Alsace, en France..
Dans vos ennuis a répétition heureusement que le dieu de la mécanique à posé un doigt sur ton berceau. Celui de la photographie n etait pas loin non plus.
Au moins cela fera des souvenirs à raconter à vos petits enfants lors des soirees fraîches alsacienne au coin d un bon feu.
Très bonne continuation et gros bisous à vous tous de Louis, Hugo, Véro et Gérard..
Salut à vous !
Merci. Pas trop dur dans le Sungau ?! On vous embrasse.
Jean-Philippe
Tu es vraiment le King de la démerde ! BRAVO !
Merci. Je me souviendrai de cette expérience. Couché sous le véhicule, certains accès bien difficiles … . 😉